Le 15 août 1944, au lever du jour, les plages varoises deviennent le théâtre d’un tournant décisif dans la Seconde Guerre mondiale : le débarquement de Provence.
De Saint-Raphaël à Lorgues, en passant par Sainte-Maxime, Saint-Tropez, la Croix Valmer, La Motte, Le Muy, Vidauban, Draguignan et Les Arcs-sur-Argens, l’est du Var vit trois jours de combats intenses qui ouvriront la route vers Toulon et Marseille.
Contexte historique
Après le débarquement de Normandie en juin 1944, les Alliés lancent une seconde offensive en Méditerranée : l’opération Dragoon. Leur objectif : couper la retraite allemande, libérer rapidement les grands ports du sud et assurer la jonction avec les forces venues du nord. Le Var est un point stratégique, contrôlant les voies côtières et routières entre l’Italie et la vallée du Rhône.
Chronologie des opérations dans l’est du Var
Nuit du 14 au 15 août 1944 – Le Muy et La Motte : portes de l’arrière-pays
- La 1ʳᵉ Airborne Task Force saute de nuit sur La Motte et Le Muy.
- Le Muy, verrou routier de la vallée de l’Argens, est le théâtre de combats violents contre des troupes allemandes retranchées.
- Objectif : isoler la côte et empêcher toute contre-attaque sur les plages.
15 août 1944 – Le choc sur le littoral
- Secteur Camel (Est) : à Saint-Raphaël – Dramont, la 36ᵉ division d’infanterie US débarque, soutenue par un bombardement naval.
- Secteur Delta (Centre) : à Sainte-Maxime, la 45ᵉ division US prend pied sur la plage après de lourdes pertes.
- Secteur Alpha (Ouest) : à Saint-Tropez et Ramatuelle, les Alliés s’emparent rapidement du port et sécurisent la presqu’île.
16 août 1944 – Libérations en cascade
- Draguignan est prise après des combats urbains et devient capitale provisoire du Var.
- Les Arcs-sur-Argens, nœud ferroviaire stratégique, tombent, ouvrant la route vers Vidauban et Lorgues.
- Vidauban est libérée, coupant l’axe allemand vers le centre du département.
17 août 1944 – Lorgues et jonctions
- Lorgues est libérée, sécurisant l’axe central du Var.
- Les troupes venant de la côte et celles des Alpes-Maritimes opèrent leur jonction.
- La pression se concentre désormais sur Toulon et Marseille.
18–24 août 1944 – Repli allemand et victoire alliée
- Le 18 août, Hitler ordonne la retraite générale, sauf à Toulon et Marseille.
- Le Var est totalement libéré en moins d’une semaine.
- Toulon tombe le 27 août, Marseille le 28 août.
Figures marquantes de la libération de Provence
- Général Jean de Lattre de Tassigny – Commandant de l’armée B française, chef des opérations terrestres.
- Général Lucian Truscott – Commandant du VIᵉ corps US, responsable du secteur est du débarquement.
- Commandos d’Afrique – Unités françaises ayant neutralisé plusieurs positions côtières avant l’assaut.
- Réseaux FFI locaux – Résistants à Draguignan, Le Muy, Lorgues, ayant transmis renseignements et guidé les troupes.
- Soldats africains et maghrébins – Tirailleurs, goumiers et spahis ayant joué un rôle déterminant dans la campagne.
L’héritage mémoriel
Saint-Raphaël – Dramont
- Chemin de Mémoire retraçant dix sites historiques.
- Nécropole nationale de Boulouris : 464 soldats de l’armée B reposent ici.
Draguignan
- Musée de l’Artillerie retraçant l’histoire militaire du XXᵉ siècle.
Le Cimetière américain de Draguignan
Sur les hauteurs de la ville, le Rhône American Cemetery est l’un des deux seuls cimetières militaires américains de la Seconde Guerre mondiale en France. Il regroupe 861 tombes de soldats tombés lors du débarquement et des combats de 1944. Inauguré en 1956, il comprend un mémorial, une chapelle et un mur des disparus. Chaque 15 août, une cérémonie officielle y rend hommage aux combattants.
Autres lieux de mémoire
- Sainte-Maxime et Saint-Tropez : plaques commémoratives sur plages et quais.
- Le Muy : Musée de la Libération, dédié aux parachutistes.
- Les Arcs et Vidauban : stèles en mémoire des soldats alliés, stèle des 13 lorguais.