Barbara Carlotti se produira en concert à Draguignan (Théâtres En Dracenie) le samedi 20 octobre 2012 à partir de 20h30.
On connaissait déjà la chanteuse des « Lys brisés » et de « L’Idéal » (sortis sur le mythique label britannique 4AD), ses deux albums précédents à la grâce et l’élégance intemporelles, baignés par le spleen de Baudelaire ou le soleil brûlant de la Corse. Mais cette fois, c’est donc beaucoup plus loin qu’elle est allée glaner l’inspiration : au Japon, au Brésil, en Inde. L’album est né de ces voyages, effectués
en 2009 et 2010. Confrontée à l’inconnu — et forcément à elle-même —, Barbara s’y est ouverte au monde comme jamais. Les gens d’ailleurs, leurs sons, leurs paysages, leur accueil, leurs sourires, et parfois
leur violence, l’ont marquée. Elle et son disque.
Ecoutez… « Nuit sans lune » regorges d’effluves sonores, portées par un sitar indien. « L’amour, l’argent, le vent », la chanson titre de l’album, évoque le souvenir cuisant d’un incident qu’elle a vécu dans les favellas de Rio. « L ‘avenir », construit à la façon des chansons de geishas, résonne au son du koto japonais… Normal, pour celle qui se décrit volontiers comme « une pellicule photo hyper sensible » : « Je fonctionne par capillarité avec mon environnement. J’avais besoin de vivre de nouvelles expériences, de faire de nouvelles rencontres, de rechercher une nouvelle intensité. »
L’intensité, elle en a toujours fait sa quête.
Depuis son premier EP en 2006, enregistré avec la complicité de Bertrand Burgalat, elle n’a cessé
de multiplier les performances hors normes, entre musique, poésie, littérature, art contemporain, cinéma ou danse. Sans retracer tout le chemin — il est trop riche ! —, des moments forts nous reviennent d’emblée en mémoire : sa très raffinée « Nébuleuse dandy », en 2009, création dans laquelle elle rendait hommage à ses esthètes préférés, d’Oscar Wilde à David Bowie. Son beaucoup plus ludique, « Sur le sable chaud », en 2008, pour lequel elle transformait les théâtres en plages éphémères, avec sable et transats de rigueur (!).
Ses foisonnantes collaborations avec d’autres chanteurs, Philippe Katerine, JP Nataf, Bertrand Belin ou Olivier Libaux. Ou ses compositions pour le 7e art, comme pour « L’Italie » d’Arnold Pasquier, court-métrage avec Damiano Biggi (l’un des danseurs de Pina Baush), dans lequel elle apparaît elle-même, dansant et chantant le titre « Marcher ensemble » — qui figure sur ce nouveau disque.
Auteur-compositrice, curieuse, drôle, passionnée, Barbara Carlotti est aussi une voix. Unique dans la chanson. Une voix aux reflets de velours sensuel, caressante et mélancolique, capable de frissonner ou de tempêter, sans cesse entre l’humour et l’émotion, la légèreté et la gravité. Du mouvement, encore ! Comme dans la tourbillonnante chanson « l’amour, l’argent, le vent » ou comme dans « Quatorze ans », souvenir échevelé et souriant d’une époque où les adolescents bougeaient sur les B52’S… Quand elle chante, elle nous emporte. Ses humeurs, ses vibrations, sa dérision, son sens affiné du second degré, nous baladent au gré de ses sensations. Palpitantes. Et quand elle s’attaque aux éternels refrains d’amour, c’est pour en secouer le conformisme et les réinventer : du romantico-dadaïste « Mon Dieu Mon Amour » (écrit et interprété avec Philippe Katerine), à l’entêtant « Coeur à l’ouvrage » qui refuse de se résigner. Sans oublier
le très savoureux « Dimanche d’automne » qui ose, avec un brin de provocation, ruminer entre colère et résignation.
L’insatiable Barbara n’est jamais dupe… « Ouais, ouais, ouais », glisse-t-elle nonchalante, ironique, dans une chanson que lui a inspiré le roman de Jean-Jacques Schuhl, « Rose poussière ». À vous de deviner de qui elle parle. Car on n’a pas fini de percer les secrets de ce disque dense, aux arrangements souvent surprenants. Barbara Carlotti l’a coréalisé, pour partie avec ses musiciens (Jean-Pierre Petit, Benjamin Esdraffo, Jérémie Regnier et Philippe Entressangle), pour l’autre avec trois nouveaux partenaires : l’arrangeur
Fred Pallem (Le Sacre du tympan), le producteur électro Benoît de Villeneuve, et l’ingénieur du son Benoît Fresel…
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Entre pop lyrique et électro symphonique, L’amour, l’argent, le vent redéfinit les contours de la chanson. « Partir ailleurs », en musique et en mots. « Partir ailleurs », comme elle le chante dans le refrain de « Nuit sans lune »… Elle l’a fait. On la suit au bout de son monde.