Dracenie

Didier Euzet : 1 Compositeur en Dracénie

Didier Euzet

Est-ce un Signe du destin pour un pianiste compositeur que d’habiter à Claviers ? En tout cas c’est un beau cadeau pour la Dracénie que d’avoir en son sein un homme au parcours si passionnant.

Didier E est né en 1949 … un peu avant la fin de la première moitié du 20e siècle … Quelques années seulement, après que l’homme de ce monde ici-bas se soit fait peur pour la deuxième fois. L’homme est-il un torrent infini de désespoir, d’incertitudes, d’espoir et de créations ? Toutes ces questions fondamentales, habitèrent Didier Euzet lors d’une enfance et d’une adolescence passées à Bédarieux dans les contreforts des Cévennes…

Cette enfance fut faite de formica « cheap », de parents jamais bien d’accords, du catéchisme et de la messe obligatoire du dimanche… Son adolescence fut habitée des Solex et des scooters empruntés aux copains, des sur-boums du jeudi après midi, et des petites copines qui le trouvaient parfois trop timide… Rien de bien captivant dans cette « Andorre » des Cévennes ou il fallait faire des kilomètres pour aller voir la mer…

Mais à la maison, il y avait aussi le vieux piano Pleyel de son arrière Grand Père, compositeur Sétois bien connu, et, depuis toujours, Didier y laissait traîner ses rêves musicaux improvisés… Mais dans les années sixties… un piano s’était beaucoup trop rétrograde… beaucoup trop démodé… Didier rêvait de guitare… Qu’à cela ne tienne ! Didier fabrique la sienne… manche en merisier, micro Egmond… le tout branché sur le poste TSF Ducretet-Thomson de Papa… les Chaussetes Noires n’ont qu’à bien se tenir !

En 1963, c’est le déclic… il fait la connaissance de Jacques Brel, venu se produire à Bédarieux pour la kermesse annuelle organisée par son père… Après avoir aussi chanté « à capella » devant les enfants poliomyélites de Lamalou les Bains… Jacques restera 3 jours chez lui… et Didier en gardera une vision surnaturelle de « l’artiste », cette vision l’habite toujours…

A partir de cette époque là.. il n’a plus qu’une seule idée en tête; Monter sur les planches !

A quinze ans, alors que les Chats Sauvages, les Chaussettes Noires et autre Gene Vincent font « ronfler » les hit parades… Didier se fabrique une guitare électrique qu’il branche sur l’entrée pick-up du vieux poste à lampes familial… La guitare électrique est vite remplacée par une guitare « espagnole » qui lui permet de composer ses premières chansons … sa notoriété naissante lui permet de rejoindre un groupe local « Les Frêres Salvador », ou il se produit d’abord à la guitare puis aux claviers, aux côté de Jacques Bessot, alors fraîchement sorti du conservatoire de Montpellier, et qui deviendra par la suite l’un des meilleurs trompettiste de studios parisiens… c’est l’apprentissage des planches… Didier écrit ses premiers arrangements musicaux…

Au bout de quelques mois, alors que Didier a tout juste dix huit ans… le chef d’orchestre René Coll lui demande de rejoindre son groupe … l’aventure Coll durera presque 20 ans … Didier y apprendra la scène, le contact avec le public, la longueur des nuits blanches…

Nous sommes en 1973… lors d’une soirée, se trouve un invité surprise de marque… il est venu rendre visite à son ami Mike Shanon, ancien chanteur des Chats Sauvages qui est alors le chanteur vedette du groupe René Coll…

L’invité surprise, c’est Hector Kalfon, le Chopin du Twist des années sixties, qui le remarque tout de suite, et lui fait enregistrer chez EMI Pathé son premier single: « Un jardinier sans amour… » c’est Boris Bergman qui en écrit les textes… malheureusement, ce 45 tours restera dans les cartons de la maison qui le produisait… Et puis, en 1978, c »est l’aventure Sardou… l’orchestre René Coll accompagne le chanteur pendant 7 ans… Didier y apprends comment millimétrer ses accompagnements au piano, il s’impose aussi comme un choriste incontournable, et apprends à gérer le trac dans des salles de plus de 10.000 personnes…

C’est le monde du Show-biz des années 80 … le monde des tournées à travers la France…

Les légendaires émissions de TV; « Numéros Un » de Pierre et Maritie Carpentier (Didier y enregistre les voix ‘OFF’ pour que les artistes invités puissent apprendre leurs chansons inédites) , « Le Palmares de la Chanson », « Cadet Roussel », « Champs Elysées » avec Michel Drucker, « Le Grand Echiquier » de Jacques Chancel, etc… Entre les tournées Sardou, Didier E. accompagne aussi sur scène d’autres artistes français: Les Charlots (à l’Olympia), Philippe Laville, Herbert Léonard, Martine Clémenceau, Marc Lavoine (lors de la première tournée ou chantait Marc Lavoine …)

Dans les coulisses de ce Show-Biz des années 80, Didier côtoie Jacques Revaux, Pierre Delanoé, Didier Barbelivien, Pierre Billon, Patrick Bruel débutant, Catherine Lara, Barbara, Yves Montand, etc. … il acquiers à leur côté un professionnalisme fait de modestie et de rigueur… recette qu’il emploi toujours aujourd’hui…

Il profite des longs séjours au Palais des Congrès pour y composer dans la solitude poétique des coulisses des titres forts en mélodies et en thèmes…

Et puis, début 1985… c’est la rupture… l’overdose de « musique alimentaire » … Didier décide alors de tout larguer, et de s’expatrier en Afrique… un continent ou son Père avait vécu, et qui l’avait toujours attiré… il séjourne à Dakar, Conakry, Abidjan… effectue de courts séjours dans une quinzaine de pays d’Afrique de l’Ouest… Il y fait un retour aux sources culturelles naturelles, qui va imprégner tout son monde musical… il y travaillera dans les télécommunications (pour y rester) presque vingt ans… y joueara du Piano-Jazz au Jam’s d’Abidjan… collaborera avec Bocana Maïga arrangeur et producteur de la majorité des productions de qualité du continent… Didier y refera même sa vie en rencontrant la « Femme de ses rêves » Suzanne-Claire… Mais l’histoire le poursuit… De retour précipité de Côte d’Ivoire il s’installe sur la Côte d’Azur … Il s’y trouve confronté à un tas de situations nouvelles qui n’existaient pas avant qu’il s’expatrie… La France, sa chère France a changé… il est un Senior maintenant, et la France n’aime pas les Seniors…

Devant ces évidences, Didier se cherche … le marché de l ’emploi est fermé … c’est un Senior … jeune mais Senior ! et il ne baissera pas les bras !!!

il se remet donc à composer, fort de toutes ses expériences… « Le vécu s’est toujours mieux que la fiction… il y a tant de gens qui racontent n’importe quoi ! » dis t-il à ses amis… ses nombreux amis, qui avec sa femme Suzanne-Claire et sa fille Prunelle l’ont enfin convaincu en 2007 de faire un come-back et de remonter sur les planches…

C’est donc avec un regard neuf et 20 ans de recul sur l’époque ou il fréquentait le show-biz parisien, que Didier E. a décliné son one man show 2007 en le nommant; Didier E.  » all music show ».

NDLR: Monsieur Euzet a rejoint les étoiles le 16 décembre 2022. Paix à son âme. Nos condoléances à sa famille et aux siens.