Depuis son élection à la suite des municipales des 15 et 22 mars 2014, David Rachline, le nouveau maire de Fréjus et son équipe n’ont pas chômé. Loin s’en faut. En quelques mois à peine, il a pu imprimer sa marque, faite d’écoute, d’humilité et de proximité avec les fréjusiens. Héritant d’une situation financière difficile à Fréjus, avec près de 150 millions d’Euros de dettes, son élection, expression démocratique s’il en est, n’empêche pas l’ hostilité sans précédent dont il fait régulièrement l’objet. Malgré cela, ce jeune homme de 26 ans maintient le cap avec sang froid.
En cette journée particulière, faite d’hommage aux Harkis ce matin, de recueillement en mémoire d’ Hervé Gourdel ou de conseil municipal en début de soirée, nous avons pu rencontrer un premier magistrat engagé dans l’amélioration du quotidien de tous ses administrés.
Monsieur le maire bonjour, vous êtes candidat dans le cadre des élections sénatoriales dans le Var. Manifestement votre candidature fait l’objet de toutes les attentions et en particulier de celles de vos concurrents, qui relayés par le Var-Matin du jeudi 25 septembre 2014, sont allés jusqu’à appeler les socialistes « au secours». Un commentaire ?
Cette réaction me semble être une réaction de panique, c’est plutôt bon signe pour ma candidature. Ce qui me préoccupe, ce sont les retours que je tiens de mes rencontres avec les grands électeurs qui me disent en avoir assez de ce déséquilibre entre Toulon et le Var Est, qu’il soit sur le plan politique ou sur celui du développement économique.
Si le département du Var est constitué d’une pluralité de territoires, il doit pouvoir refléter la pluralité des opinions. Dans notre département comme dans notre pays, les dernières élections Européennes ont nettement démontrées que cette pluralité était bien réelle. Je souhaite donc qu’elle puisse non seulement s’exprimer librement, mais qu’elle se traduise par la conquête d’un siège au sénat, dimanche prochain.
Sur un plan plus local, je crois que les fréjusiens et les raphaëllois ne sont pas dupes, ils en ont assez de l’arrogance réservée à mon endroit et du déni de démocratie fait à la ville de Fréjus et aux fréjusiens. Je vous rappelle que notre ville considérablement plus peuplée que celle de Saint Raphaël, ne dispose d’aucun vice-président issu de la majorité municipale au sein de la communauté d’agglomération de Fréjus Saint-Raphaël. Cette manière de faire de la politique qui correspond à celle du passé, ne m’ empeche pas de me battre pour l’avenir, en proposant une gouvernance différente.
En parlant d’avenir, vos principaux concurrents (Falco, Ginesta, Hummel) atteindront en 2020 une moyenne d’âge de 76 ans. Or, la génération des actifs et en particulier les plus jeunes, semblent placer beaucoup d’espoir dans votre action ?
Dès mon élection j’ai beaucoup travaillé avec mes équipes pour réussir cette première saison estivale pour tous. De nombreuses animations à destination des jeunes et des moins jeunes ont pu se dérouler, que ce soit à Port Fréjus, dans le Centre ancien qui me tient particulièrement à coeur ou encore dans les arènes.
Vous savez, je suis un fréjusien comme les autres, je suis avec les gens, je connais les difficultés de leur quotidien. Contrairement à la plupart de mes détracteurs, je ne suis pas déconnecté de la réalité. C’est sans doute en partie pour cela, que l’on me fait confiance.
Peut-on déjà parler d’un « style » Rachline ?
Je ne sais pas, seuls les observateurs peuvent en juger, mais ce qui est sûr c’est que j’attache beaucoup d’importance à la proximité et à l’écoute. Le rôle d’un maire c’est aussi de répondre à des besoins. Faire vivre notre ville avec des animations pour tous et pour nos commerçants, valoriser notre patrimoine culturel et environnemental, garantir la sécurité et même la nuit, avec la brigade nocturne que nous avons créé, savoir d’où nous venons, en célébrant dignement notre identité culturelle notamment avec le marché des métiers d’art. Tout cela contribue je crois à aller dans le bons sens.
Quel est votre projet de mandat principal ?
Notre objectif de mandat est de créer un centre de formation sur les métiers de la mer à destination des jeunes, dans le cadre d’un grand projet d’institut de la mer qui serait également un centre de recherche. Si l’on considère que gouverner c’est prévoir, la mer est pour moi un nouvel espace à conquérir, facteur de développement naturel pour notre ville et je souhaite que nous nous inscrivions dans cette perspective.
Contrairement à nos ainés, experts de la politique, dont les résultats se traduisent au niveau national par une dette de quasi 100% du PIB, par une jeunesse qui fuit son propre pays pour se vendre à l’étranger ou par une partie de nos adolescents en totale désespérance, moi, je souhaite que nos jeunes puissent avoir un avenir chez nous, en France en général et à Fréjus en particulier. Nos jeunes doivent pouvoir se former à Fréjus, se loger à Fréjus, travailler à Fréjus et fonder une famille à Fréjus.
En plus de la jeunesse, tous nos efforts vont particulièrement vers l’emploi, les familles, le logement et l’environnement. Nous allons d’ailleurs créer une « trouée verte » qui ira de l’ aqueduc Romain à la Villa Marie en passant par la plateforme archéologique.
Je considère que le bétonnage intensif que nous avons connu ces dernières années, de surcroit sans études d’impacts n’a pas été respectueux des générations futures. Je veux donc rompre avec cette manière de faire. C’est peut-être là encore, une préoccupation propre à ma génération, mais je crois qu’au delà de l’âge de ses artères, l’âge des idées est plus important. Si j’en crois les retours que j’ai du terrain, mes idées, contrairement à celles de mon concurrent raphaëllois, donnent davantage envie. Face à l’immobilisme, je veux confronter une nouvelle dynamique et redonner espoir et enthousiasme. En rupture avec mes adversaires sur ce point, je veux travailler « pour » le peuple et non « malgré » le peuple.
Hier soir, nous apprenions qu’un homme avait perdu la vie parce qu’il était français, qu’est ce que cela vous inspire?
Nous sommes comme tous les français atterrés par cette situation et la ville de Fréjus sans attendre, a pu mettre en berne le drapeau de sa mairie. Nous suivrons toutes les dispositions prises par le Président de la République dans le cadre de ce deuil qui doit toucher chacun de nous. Toutefois, sans récupération ni polémique, une fois passé le temps de la détresse et de l’émotion, il faudra avoir le courage de s’ interroger, notamment sur les conséquences de la politique étrangère de la France de ces dernières années, que ce soit en Libye ou en Syrie.
On vous reproche de ne pas être intervenu sur les travaux de la mosquée de Fréjus, qu’en est-il exactement ?
Tout d’abord je tiens à préciser deux points importants : je ne peux intervenir que dans le cadre des lois et règlements de notre pays et ma méthode de travail consiste à travailler les dossiers à fond sans jamais rien lâcher. Ceci étant dit, il y a eu deux recours qui ont pu intervenir dans les délais prévus par la loi. Un de la part du maire de Saint Raphaël et un autre de l’état via le préfet du Var. Arrivés aux affaires en mars 2014 nous étions hors des délais prévus pour agir. Toutefois, respectueux de la loi et des délais de recours, cela ne signifie pas que nous n’avons pas été attentifs aux contours juridiques de ce dossier, bien au contraire. Je prendrais du reste des initiatives pour éclaircir les choses probablement dès la semaine prochaine (le 17 octobre 2014, Var Matin publie cet article : Mosquée de Fréjus, pour la ville le permis est caduc).
On vous reproche aussi et c’est curieux, de ne pas avoir fait de « chasse aux sorcières » comme cela peut arriver en cas d’alternance démocratique ?
Là encore, nous respectons la loi et le fonctionnement de nos institutions, chacun travaille pour un même but, satisfaire les fréjusiennes et les fréjusiens, nous avons tout au plus réalisé une réorganisation dans certains services par souci d’efficacité.
Ce matin vous avez pu rendre hommage aux Harkis dans le cadre de la journée nationale qui leur est dédiée, un moment important pour vous ?
Cette matinée était très importante pour moi. La France doit rendre hommage à ceux qui ont combattu pour elle. A fortiori quand ceux-ci ont été lâchement abandonnés. C’est pourquoi j’ai été fier de rendre cet hommage. Je serais toujours aux côtés des rapatriés et des Harkis en particulier. J’ai une affection particulière pour eux, mêlée d’un sentiment fraternel.
En mars dernier, après un parcours politique de 10 années, vous avez été élu maire d’une grande ville, très convoitée. Vous attendiez-vous à ce que vous avez trouvé ?
Je m’étais préparé à cette fonction et je mesure chaque jour l’honneur qui m’a été fait. Ce que je découvre, considérant l’importance de la dette de notre ville, c’est la frustration de ne pas pouvoir faire plus, plus vite et plus grand. Tous les efforts financiers que nous faisons devraient permettre toutefois de construire l’avenir. Mais cela passe par un retour à l’équilibre. Un retour nécessaire à l’équilibre qui devrait me permettre d’améliorer la vie des gens et cette ambition constitue tout le sens de mon engagement, tout comme celui de mon équipe.
Interview réalisée le jeudi 25 septembre 2014 – publiée le 26/09/14