Dracenie

Draguignan : conférence d'Arts et sociétés

L’ association « arts et sociétés » de Draguignan, présidée par Monsieur Eddie Copin,  proposera de prolonger le spectacle proposé par « théâtres en Dracénie » : « Noces de sang » et « Suite Flamenca  » (2 pièces de flamenco chorégraphiées par Antonio Gadès).

Arts et sociétés organisera en effet, une conférence , présentée par Madame Martine Kahane (ancienne directrice du centre national du costume de scène de l’opéra de Paris) intitulée :  « la danseuse Espagnole vue par le XIXe siècle Français. Des écrits de Théophile Gautier aux peintures de Manet ».

Danse et danseuse espagnole, réalité et fantasme au XIXe siècle, sous la plume et le pinceau de la génération romantique et des impressionnistes. D’un royaume à l’autre, de part et d’autre des Pyrénées, les relations sont nombreuses. Vu sous l’angle des spectacles, et plus précisément de l’art de la danse, l’Espagne sera très tôt à la mode en France, comme en témoignent de nombreux ballets de cour.

Mais c’est pendant la première moitié du XIXe siècle que les artistes romantiques font de l’Espagne un élément obligé de leur inspiration. La célèbre bataille d’ « Hernani » de Victor Hugo, à la Comédie-Française en 1830, ouvre le ban à une abondante dramaturgie de pièces à sujet espagnol. Hidalgos à l’ombrageuse fierté, majas aux yeux de velours conquièrent les scènes. L’éventail et la mantille, la guitare et les castagnettes sont des accessoires obligés. L’Espagne, comme l’Orient, tient la vedette sur le théâtre de la mode.

La danse n’est pas en reste, déferleront alors sur les scènes parisiennes de nombreuses et talentueuses danseuses espagnoles, mettant leurs danses nationales à la mode, bientôt suivies et imitées par les grandes ballerines romantiques. La comparaison entre la liberté de mouvement et la volupté des premières, la chaste et froide technique des secondes, entre l’inné et l’acquis des corps, se retrouve dans tous les témoignages. La belle Andalouse, la libre gitane font partie des fantasmes de l’Europe du Nord.

La cachucha devient le symbole de ces danses, incontournable, mise à toutes les sauces, opéra, ballet, vaudeville ou féerie, car les sujets espagnols, de près ou de loin, font la fortune des librettistes et des directeurs de théâtre…

Pour évoquer ces danseuses, qu’elles soient espagnoles comme Dolorès Serral, Lola de Valence peinte par Manet, Petra Camara dessinée par Chassériau, ou ballerines romantiques comme l’italienne Marie Taglioni, et surtout  l’autrichienne Fanny Elssler qui se fit une spécialité de la cachucha, une iconographie riche et de grande qualité nous est offerte grâce aux maquettes de costumes, aux estampes, aux affiches, à la peinture… En ce qui concerne les textes, Théophile Gautier, grand poète romantique et aussi « inventeur » de la critique chorégraphique sera notre guide, à travers les nombreux articles qu’il consacra à la danse et aux danseuses espagnoles. Ses descriptions, toujours précises, toujours imagées, sont une source précieuse.

Ce voyage théâtral en Espagne se terminera avec « Carmen », opéra de Bizet qui, près d’un demi-siècle après « Hernani », fixera pour longtemps en France l’imaginaire musical du public.

  • le 25 mars 2014  de 18h30 à 20 h , salle Lilly Pons